Dis-moi qui est ton sponsor, je te dirai ce que vaut ton projet
Il n’est pas rare de voir un projet innovant échouer par manque de sponsorship.
Il n’est pas rare de voir un projet innovant échouer par manque de sponsorship. Le sponsor est en effet l’un des piliers fondamentaux de la réussite d’un tel projet. Alors pourquoi son rôle est-il si important ? Qu’est-ce qui fait d’un sponsor un “bon” sponsor ? Vous êtes sponsors, et vous vous demandez comment mieux jouer votre rôle ? Vous travaillez au sein d’une direction innovation ou vous accompagnez des projets d’intrapreneuriat et vous vous demandez comment mieux structurer la relation avec les sponsors ? Vous portez un projet innovant, et vous cherchez à bien vous entourez ? Nous vous partageons quelques éléments de réponse tirés de notre expérience.
Coach, manager, sponsor : le trio gagnant
Prenons l’exemple d’une équipe de football. Le joueur qui crée, innove et produit le résultat sur le terrain ne serait rien sans son coach, souvent son confident, qui le suit presque au quotidien, lui apporte un regard extérieur, son expérience et l’aide à aller vers le meilleur de lui-même. Le joueur et le coach seraient quant à eux démunis sans leur président (le sponsor), qui leur apporte cap, vision, et leur permet d’atteindre leurs ambitions. Enfin, l’agent (le manager) fait en sorte de maintenir l’équilibre entre les responsabilités de chacun.
Toutes et tous œuvrent à différentes échelles dans la même direction, celle de la réussite ! C’est pareil pour un projet innovant : sa réussite dépend de la qualité du soutien qu’il reçoit pour se déployer.
Le sponsor comme boussole
Entreprendre (ou intraprendre) c’est développer sa capacité à bien s’entourer et construire autour de soi un réseau de connexions humaines fortes, de compétences complémentaires.
Le choix du sponsor se doit d’être l’une des premières décisions stratégiques d’un projet en devenir. Il peut être fait lors du cadrage du programme d’accompagnement, ou un peu plus tard, afin qu’il corresponde exactement avec la nature du projet.
Charlotte de Nonneville, sponsor au sein du programme Accélérateur de KPMG, témoigne :
« Nous sentions bien que notre présence à certaines étapes était cruciale. La solitude est d'autant plus forte pour les intrapreneurs dont le projet ne reçoit pas de sponsorship. Tout comme le dirigeant se retrouverait déboussolé sans conseillers les plus proches. Il faut savoir s'entourer, c'est une question de survie ».
Où se cachent-ils ?
Jamais très loin. Ne cherchez pas à forcer la main aux personnes se tenant loin de vos enjeux. Les bons talents sont déjà présents directement ou indirectement dans votre quotidien. Sensible à l’innovation, curieux.ses, jeunes talents fougueux prenant des rôles au sein de la direction, mais aussi la tête sur les épaules et pragmatique. Et si l’œil pétille à l’évocation du mot « création », vous avez face à vous le sponsor idéal.
La secret sauce ?
· Un sponsor connecté à la stratégie de l’entreprise
Un bon sponsor, c’est un carnet d’adresse et un réseau qualifiés et pertinents, en lien avec la problématique et les enjeux du projet. Il saura les utiliser à bon escient pour tester le projet en situation réelle et ensuite accélérer sa mise sur le marché.
· Un sponsor engagé
Le cycle de vie d’un projet innovant n’est pas de tout repos. Dans ce tourbillon, le sponsor doit aider le porteur de projet à maintenir le cap, en toutes circonstances. Cela nécessite donc de sa part un engagement total.
· Un allié convaincu et convaincant
Donner du temps c'est bien, partager son énergie c'est mieux ! Plus un sponsor croit au projet qu’il accompagne, mieux il sera susceptible de le défendre, d’ouvrir son carnet d’adresse, de lui dédier du temps et de mettre son expérience et ses compétences à son service. Sa conviction est la clé d’entrée de l’onboarding de tous ses interlocuteurs, y compris la sienne. Il est à ce titre la première personne à devoir être convaincue du bien-fondé de la solution envisagée.
· Un sponsor qui prend le temps
Sa position de management, voire de direction en fait une personne à l’agenda rempli. Il est pourtant fondamental qu’il soit disponible pour accompagner le projet à une fréquence soutenue. S’il n’est pas quotidiennement présent, rôle qui incombe au coach, il doit néanmoins se réunir avec le porteur de projet régulièrement pour pouvoir apporter sa vision et partager ses idées avec les équipes, prévient Charlotte de Nonneville : « C’est le rôle du sponsor de piloter et de donner des jalons clés, de maîtriser les essentiels pour mieux responsabiliser les intrapreneurs et assurer une gestion de projet efficace ».
L’entreprise qui héberge le projet a donc un rôle majeur à jouer : celui de faire en sorte que le sponsor ne soit pas la cerise sur le gâteau, mais l’un de ses ingrédients phares. Elle doit accompagner les sponsors et celles et ceux qui souhaitent le devenir, les aider à comprendre leur rôle, à utiliser les bons outils, à avoir la bonne approche. Plus encore, elle doit savoir reconnaître les profils les mieux adaptés à ce rôle particulier, qui n’est pas fait pour tout le monde.
Notre recommandation :
- Un onboarding et des rendez-vous réguliers dès le départ sont souvent nécessaires. Privilégiez autant que possible le physique au virtuel pour ces rendez-vous. Le premier rendez-vous servira à expliciter les rôles et responsabilités de chacun. A cette occasion une charte tripartite peut être signée. Ensuite, ces rendez-vous seront les rituels de suivi de projet nécessaires pour s’assurer de la bonne marche du projet.
- La remise d’une boîte à outils du sponsor ou l’intégration à une communauté de sponsors sont des bonnes pratiques qui permettront au sponsor de monter en compétences et d’échanger avec des pairs sur les problématiques rencontrées.
Le pari est réussi quand …
Lorsque le projet innovant est un succès, c’est la culture d’entreprise dans son ensemble qui évolue.
Les sponsors ont beaucoup à donner, mais aussi beaucoup à gagner. Les retours d’expérience montrent qu’ils s’épanouissent dans ce rôle, qu’il trouve du sens dans ces missions, parfois même un second souffle à leur carrière.
Ce dont témoigne Charlotte de Nonneville : « Cela m’a obligé à être curieuse sur ce sujet, tout en apportant une prise de recul aux intrapreneurs. Plus qu’une question de compétences, c’est en réalité une question d’attitude, de volonté de partager et d’apprendre soi-même de nouvelles choses. »
Pour beaucoup, loin d’être une panacée ou une nouvelle charge, c’est une question de plaisir. Celui de transmettre, et de voir grandir le projet et l’équipe dont ils auront participé à l’émergence.